vendredi 20 janvier 2012

Condamnée

Le matin, je prends un ou deux cafés pour démarrer la journée. J'aime entendre le bruit de la cafetière qui m'annonce que dans quelques minutes j'aurai un bon café chaud à déguster. Mon armoire regorge de tasses de toutes les couleurs et de tous les formats. C'est primordial qu'elles soient dépareillées. Ce serait vraiment dommage de toujours boire mon café dans la même tasse car chacune est associée à un souvenir, un état d'âme ou une personne. À tous les matins, je choisi ma tasse selon mon humeur du jour. Parfois, je la choisi avant même que je mette un pied en dehors du lit.

Je n'aime pas que mon homme me serve mon café. Lorsqu'il le fait, j'ai l'impression de sauter une étape essentielle à la réussite d'un bon matin. Les matinées sont assez chaotiques dans ma chaumière: les plus vieux veulent manger, le petit réclame une tétée, ma fille veux se faire débarbouiller, mon garçon n'est pas content de son déjeuner, le plus petit régurgite, sans oublier tous les changements de couches et mon homme qui tente de quitter la maison afin d'aller travailler. Dans le brouhaha matinal, j'essaie de trouver le meilleur moment pour prendre mon café. Quand je sens poindre une période d’accalmie, je verse mon café dans la tasse du jour. J'aime observer la vapeur qui s'échappe du filet de café qui coule dans ma tasse, j'aime humer son odeur, j'aime placer mes mains autour de la tasse pour les réchauffer. Ensuite vient le temps d'ajouter le sucre et le lait. Le désavantage d'avoir plusieurs tasses est de devoir ajuster les quantités selon chacune. Puis un ou deux petits tours de cuillère et le café est prêt. Parfois, je me sens nostalgique et je pense à mon grand-père qui lui brassait son café énergiquement pendant de longues minutes en nous relatant les dernières nouvelles. Il m'arrive de le faire à la blague en guise de clin d'oeil à celui qui me manque terriblement.

Dans mes rêves les plus fous, je bois mon café chaud tout en surfant sur le net. Il n'en est rien, la réalité est tout autre. Je prends mon café tiède en essayant de butiner sur mon portable. Je donne le sein, je change des couches, je brosse des dents, je mouche des nez, je range, je lave, je joue, je ne bois pas mon café. Je l'oubli souvent sur le coin d'une table et je le retrouve complètement froid. Je le réchauffe plusieurs fois au four micro-onde jusqu'à ce qu'il prenne un goût de sirop brûlé.

J'arrive à boire un café chaud lors de nos trop rares sorties en amoureux. Après un bon repas au resto, je ne rate jamais l'occasion d'en commander un. La plupart du temps, il est trop corsé ou bien il goûte l'eau de vaisselle. Je n'arrive jamais à bien doser la crème avec les petits godets. Même chose pour les sachets de sucre. J'aime rarement la tasse dans laquelle il est servi et quand je prends finalement une gorgée, je me brûle immanquablement.

Je suis condamnée. Condamnée à boire du café tiède préparé avec amour par mon homme et tiédi avec amour par mes petits. Il y a des condamnations pires que d'autres.

2 commentaires:

  1. Il y a une lueur au bout du tunnel ma chère!!!Mes gars: 5 et 8 ans. Surfer sur mon portable avec mon café au lait, m'appartenir, profiter de ce temps juste pour moi.

    Ça se peut, mais j'ai passé par ton bout. Un jour, ne te décourage pas!!! Mais c'est vrai que c'est un précieux moment qui démarre bien une journée!

    RépondreSupprimer
  2. Merci Michèle de me faire voir l'espoir au bout du tunnel.

    RépondreSupprimer

Merci de laisser votre trace.