mardi 23 mars 2010

La bedaine vide

Samedi soir dernier, mon homme et moi sommes sortis en amoureux. Pour la première fois en 13 mois nous allions être seuls. Depuis quelques semaines, je faisais le décompte pour cette soirée. J'avais tellement hâte de me retrouver en tête à tête avec mon homme comme dans le bon vieux temps. Je voulais retrouver ma féminité et notre intimité, manger un repas gastronomique, se faire servir, prendre un verre, aller danser et me noyer dans les yeux de mon chéri; tel était le plan de cette soirée romantique.

Nous avons commencé la soirée chez Primo & Secondo. Petit resto situé dans la petite Italie qui est sans contredit mon endroit préféré pour déguster des plats extraordinaires que je ne pourrai jamais concocter à la maison. Tout comme à son habitude, les plats du chef furent à la hauteur des mes espérances et l'orgie gustative fut inoubliable. Un souper rempli de sourires et de yeux pétillants non causés par l'alcool mais par l'intimité retrouvée l'instant d'un bon repas.

Pour terminer cette escapade romantique, nous sommes allés danser à La Boîte à Marius. Quoi de mieux pour faire descendre à la vitesse grand V toute cette bonne bouffe ingurgitée plus tôt? Nous sommes arrivés vers 21 heures et la place commençait tout juste à se remplir. En sirotant notre bière, quelque peu nostalgiques nous nous sommes remémorés le soir de notre première rencontre. Trois ans plus tôt et deux enfants en moins, c'est dans cette boîte à chanson que nous nous étions donnés rendez-vous.

À peine les 23 heures sonnées, nous devions quitter. Les seins gonflés de lait prêts à exploser, je me dirige vers la sortie. Tout juste avant de franchir la porte, une jeune fille m'attrape le bras et me demande si elle peut toucher? Mais toucher quoi? Trop tard, elle avait déjà la main sur mon ventre les yeux rempli de tendresse pour ma petite bedaine de femme... enceinte! La face qu'elle a fait lorsqu'elle a vite compris que mon ventre était vide depuis deux mois et demi valait tout l'or du monde. La mienne a du valoir encore plus... La mienne valait la face d'une femme tellement fière d'être femme et d'avoir pu porter les deux plus beaux trésors que la vie a pu lui donner.

Sur le chemin du retour en contemplant ma bedaine vide (et en me convainquant qu'elle n'était pas si grosse que ça), j'ai dit à mon homme à quel point nous avions eu une belle soirée... et à quel point j'étais contente d'aller retrouver mes deux trésors. C'est ça une mère!

mercredi 17 mars 2010

Le moulin

Ma grand-mère Thérèse, affectueusement appelée Mémé, a 82 ans. Elle quittera au mois de juillet son appartement des 18 dernières années pour aller habiter dans un centre pour personnes âgées autonomes. Malheureusement, elle doit se départir de plusieurs objets qui lui tiennent à coeur et c'est lors d'une visite chez elle qu'elle m'a confié le plus précieux d'entre eux: son moulin à coudre. Une machine en fonte comme il ne s'en fait plus aujourd'hui.

Le 14 février dernier, nous sommes allés lui rendre visite. À peine arrivés, elle nous faisait déjà les éloges de la bête qu'elle avait soigneusement astiquée et cirée afin de nous la présenter. Une fois assise devant son moulin, ma grand-mère nous a raconté son histoire...

Elle a acheté son moulin vers la fin des années 50 à une dame qui avait besoin d'argent pour nourrir sa famille. Pour la somme de 45$, ma grand-mère venait de trouver son trésor. Mémé ne savait pas coudre, ou à peine. Seule, elle a démystifié la bête et a appris à coudre sur le tas. Cette femme n'a jamais été une grande couturière mais elle a su se débrouiller pour confectionner des petits trucs à petits prix. Jupes, blouses, robes, rideaux, tabliers, jarretières, bords de pantalons, costumes d'Halloween, bas de Noël... Son moulin en a cousu du tissu. Ma grand-mère est passée maître dans l'art de transformer les vieux vêtements afin d'en créer des nouveaux ou simplement de les relooker. Récupération, économie, création, passion; comme elle me l'a si bien dit, son moulin était son seul désennui. Étant mère à la maison d'une famille très pauvre, elle courait les ventes de fins de coupons afin de trouver des beaux tissus. Grâce à ses trouvailles elle confectionnait des vêtements uniques et personnalisés à ses trois filles.

À travers les années, malgré son seul point, son moulin ne l'a jamais déçu. Elle s'est accommodée de son unique particularité, soit un gros bouton "reverse" que ma grand-mère aime tant pour "tacker" les coutures. Ses enfants ont grandi et ma grand-mère a vieilli. Les années filaient et le moulin était toujours en service. Un rideau, une petite robe de soleil, un bord de pantalon; il y avait toujours un peu de couture dans le quotidien de ma grand-mère.

De fil en aiguille, sa plus vieille s'est mariée et a eu une fille. À peine âgée de 5 ans, la petite grimpait sur les genoux de sa Mémé afin de coudre au moulin elle aussi. Quel privilège! Puis à son tour, la petite fille a grandi et elle est devenue mère. Et c'est ainsi que par une belle journée du mois de février, Mémé a solennellement donné son moulin à sa petite fille en lui faisant promettre d'en prendre bien soin.

Cette petite fille c'est moi! Ce jour là, j'ai quitté ma grand-mère le coeur léger. Ma Mémé a 82 ans et bien qu'elle soit en forme, je sais qu'elle ne sera pas parmi nous encore bien longtemps. Lors de cette visite, elle m'a légué ce qu'elle avait de plus précieux. À son décès, ses enfants se partageront son héritage; ses avoirs et ses biens. Moi j'ai son moulin.

Je sais bien que l'on doit dire une "machine" à coudre mais en l'honneur de ma grand-mère, je ne débaptiserai jamais son "moulin".


Je t'aime Mémé

samedi 13 mars 2010

J'ai 17 mois et je dérange!

Ti-Minou a 17 mois et il dérange. Bon, bon, bon... N'allez surtout pas vous imaginer qu'il dérange. Nenon, il dé-range. Il est dans la phase où tout déplacer ce que maman a soigneusement rangé est un jeu très intéressant. C'est ainsi que mon salon se fait dé-ranger plusieurs fois par jour, que mon armoire à Tupperware est souvent très dé-rangée et que mes piles de lavages qui attendent sagement dans le corridor sont ultra dé-rangées. Ti-Minou réussi tellement bien son petit jeu que maman termine sa journée avec le cerveau dérangé.

En fin de journée, l'homme revient du travail... L'homme s'applique à tout ranger car il voit bien que maman est fatiguée du dérangement. Il ne se passe que quelques heures par jour ou tout est rangé; c'est la nuit. À quoi bon avoir une maison rangée la nuit si personne est debout pour en profiter? Je ne range tout de même pas pour les fantômes qui rôdent! Ça serait assez dérangé de faire ça non?

Alors au rancart le rangement, j'aime bien que mon enfant dé-range. Et les vôtres? Ils dé-rangent autant que mon Ti-Minou?

jeudi 11 mars 2010

Je plonge


Je voudrais voir la mer, chanson de Michel Rivard


Je voudrais voir la mer et ses plages d'argent
Et ses falaises blanches, fières dans le vent
Je voudrais voir la mer et ses oiseaux de lune
Et ses chevaux de brume et ses poissons volants

Je voudrais voir la mer quand elle est un miroir
Où passent sans se voir des nuages de laine
Et les soirs de tempête dans la colère du ciel
Entendre une baleine appeler son amour

Je voudrais voir la mer
Et danser avec elle pour défier la mort
Je voudrais voir la mer
Et danser avec elle pour défier la mort

Je voudrais voir la mer avaler un navire
Son or et ses canons pour entendre le rire
De cent millions d'enfants qui n'ont pas peur de l'eau
Qui ont envie de vivre sans tenir un drapeau

Je voudrais voir la mer, ses monstres imaginaires
Ses hollandais volants et ses bateaux de guerre
Son cimetière marin et son lit de corail
Où dorment les requins dans des draps de satin

Je voudrais voir la mer
Et danser avec elle pour défier la mort
Je voudrais voir la mer
Et danser avec elle pour défier la mort

Je vis dans une bulle au milieu d'une ville
Parfois mon coeur est gris et derrière la fenêtre
Je sens tomber l'ennui sur les visages blêmes
Et sous les pas pesants qui traînent les passants

Alors du fond de moi se lève un vent du large
Aussi fort que l'orage, aussi doux qu'un amour
Et l'océan m'appelle d'une voix de velours
Et dessine en mon corps
Le mouvant, le mouvant de la vague

Je voudrais voir la mer
Je voudrais voir la mer

Je voudrais voir la mer se gonfler de soleil
Devenir un bijou aussi gros que la terre
Je voudrais voir la mer se gonfler de soleil
Devenir un bijou aussi gros que la terre

Je voudrais voir la mer
Je voudrais voir la mer


Comment aurais-je pu plonger dans l'univers du blog autrement? Cette chanson veut tout dire pour moi. Elle me fait penser à mes années passées à parcourir le globe, à la femme que je suis devenue et à la beauté divine de la nature. Cette chanson reflète la force tranquille qui m'habite au quotidien. À tous les soirs, elle accompagne mon plus vieux vers le pays des rêves. Et c'est sur cette chanson chantée par son père qu'est née ma fille. Cette chanson est un hymne à la vie; un hymne à la mère.